Oui, on peut le dire haut et fort, Notre Héros de l'Année, c'est Momo, avec Pat bien sûr. Il a réalisé son rêve, La diagonale des fous. Nous avons suivi comme on a pu sur le site, nous avons eu peur parfois, qu'ils aient lâché, mais non, ils sont allés au bout et ont même fini très fort.
Voici le récit de Momo, qui est encore sur un nuage trois semaines après, il n'a pas encore attérri, je crois que tout son être est resté dans Mafate. Bon, c'est quand qu'on y fait un déplacement collectif?
"Mercredi 16 octobre 2012 j-1 avant le
grand départ et récupération des dossards au stade de la redoute(livraison en
52h51mn chrono)une organisation bien rodée avec pour commencer le retrait du
dossard, ensuite récupération des tee shirts, et récolte de petites babioles
offertes par les sponsors, Crème pour le soleil, riz, café, ampoule cadeau de
EDF, gel énergétique etc…
Jeudi jour du départ, nous
quittons l’appartement pour prendre le bus à 17h00 qui nous amène au départ
à cap méchant, dans le bus première
erreur de débutant tout le monde ou
presque sort le casse dalle, avec Patrick on se regarde et on se dit, ah oui
c’est vrai, on a un peu oublié, on se consolera avec une barre énergétique.
Deux heures et demi plus tard,
arrivée au sas pour vérification des sacs et remise des bagages pour les bases
vie, ça se bouscule un peu mais nous avons le temps, une heure d’avance avant
le grand départ, nous retrouvons Khalid et décidons de faire route ensemble
tous les trois, pas de stress juste une grosse envie de partir et d’en découdre
avec cette course.
22h00 le coup d’envoi est lancé,
nous partons tranquillement tout en essayant de se placer en avant pour ne pas
perdre trop de temps dans la montée sur
FOC FOC plus tard. Au bout de 5 mn de
course la pluie fait son apparition et ne nous quittera plus jusqu’au samedi
matin.
La nuit est chaude mais pluvieuse,
ceux qui sont partis trop vite sont déjà en difficulté au bout de 20km dans
l’ascension du volcan, un petit single au milieu de la végétation abondante,
des coureurs se plaignent de la lenteur du rythme, mais ils n’ont pas trop le
choix on ne peut pas doubler tellement le sentier est étroit.
Nous arrivons au volcan, le jour
se lève à peine, mais nous ne profitons pas du spectacle à cause du temps. Nous
progressons petit à petit dans des
chemins plein de boue, parfois nous nous enfonçons jusqu’aux chevilles la montée vers le piton des neiges est
interminable, premier coup de mou pour moi, Patrick lui file comme un cabri, et
me distance de quelques centaines de mètres, une succession de petits vallons
me cassent les pattes, les pieds sont tout trempés et les douleurs commencent à
apparaître, je me retrouve seul, Patrick
est parti devant et Khalid a lâché.
Enfin la délivrance, je vois le
bout du tunnel, cette montée est finie, maintenant, descente sur Cilaos pour
pouvoir ce changer et se restaurer. Arrivé sur Cilaos, nos groupies sont là,
avec OM et Martine cela fait du bien de voir des têtes connues. Nous n’avons
pas de stratégie pour cette base vie, pas de douche, l’eau est glacée, mais un
bon massage d’une demi heure en passant devant les autres(pas bien), et
changement de tenue intégrale.
Les pieds sont tout fripés par la
pluie et quelques ampoules font leur apparition mais pas le temps de voir le
podologue, trop de monde on fera avec, nous mangeons et hop c’est reparti, déjà
deux heures d’arrêt, ça passe très vite, j’ai fait le vide du sac, plus de
montre ni d’appareil photo, juste le strict nécessaire. Malgré la pluie le passage
vers la cascade de bras rouge et le sentier vers le Taïbit sont très agréables
La nuit commence déjà à tomber,
prochaine étape la montée du Taïbit, ravito juste au pied et c’est parti , 1 km
plus loin au milieu de nulle part un ravito clandestin où des locaux nous
proposent une tisane à base de plantes du coin, ça fait du bien et ça me booste
pour la montée, nous ne connaissons pas notre progression, pas de montre ni
l’un ni l’autre, une difficulté du parcours que nous ne trouvons pas si dure
que ça en fin de compte.
Maintenant direction Marla, où
nous avons l’intention de faire une pause dodo (mais non pas la bière). Nous
descendons tranquillement (enfin pas tant que ça ), arrivé au ravito, nous
décidons de dormir un peu mais le problème, il n’y a pas de places à l’abri, il
pleut toujours, pas énormément, mais dormir dehors ne nous tente pas, tant pis, un petit
carry poulet, une soupe et nous repartons pour le prochain arrêt qui se
trouve normalement à 2h00 de temps selon les dires des locaux. Le terrain est
plat mais là encore la fatigue ne nous aidant pas, le chemin est interminable,
nous passons la plaine des tamarins, petit sentier très glissant au milieu
d’arbres avec des petites racines, il faut jouer avec les bords herbeux, 3h00
plus tard enfin le ravito est en vue, dormir un peu, ça va faire du bien, et
non pas de chance les places sont chères.
Il va falloir attendre 20 mn pour
pouvoir se coucher, mais le froid nous empêche de fermer l’œil, nous nous
sommes changé avant de s’allonger, l’humidité remonte sous les lits, impossible
de dormir pour ma part, au bout de trois
quart d’heure, c’est reparti, nous sommes environ vers le centième kilomètre.
Les prochains kilomètres,
jusqu’au130eme seront pour ma part les plus longs, des chemins interminables
avec des sols divers et variés, des descentes longues, des longues montées avec
des marches de 40cm voir plus, un dénivelé de 800mètres sur 2 km, enfin un
enfer......
Enfin un point positif, il ne
pleut plus, le soleil a fait son apparition, nous nous dirigeons vers le dernier
ravito avant le Maïdo, une belle montée sur l’ilet encré et Roche Plate, nous prenons notre
temps à la pause, la suite ne va pas être facile, la sortie du cirque de Mafate
via le Maïdo, 2000 mètres de dénivelé, encore une fois dur mais pas temps que
ça, nous montons tranquillement, j’arrive à suivre Pat sans trop de peine, nous
savons qu’après ce col plus que 50km à faire.
Une fois en haut, encore un chemin
sans fin avec des rondins de bois tout les 2 ou 3 mètres, ça nous casse les
pieds (dans les deux sens) un mal aux pieds épouvantable , mais le ravito n’est
pas loin, nous prenons notre mal en patience, nous demandons aux locaux qui
montent à la rencontre de leurs amis ou nous en sommes par rapport au prochain
arrêt, 20 mn, 2km, pas loin, 45mn, juste en bas, ils sont rigolos ces
réunionnais « sans souci » qu’ils appellent ce sentier , une heure et 5 km plus loin, enfin
le ravito, on va pouvoir se changer et faire une petite pause, et bien non on
s’est gourés, la base vie c’est l’autre ravito 7km plus loin, pause pipi, et
glouglou, on ne perd pas de temps et marche active jusqu'à la base vie, nous
passons par la rivière de galets qui n’a pas du tout de charme, ensuite, un
chemin au milieu de nulle part nous amène à l’école Savanah, enfin changement
intégral, pas le temps d’un petit massage ou du podologue le patron à dit
non.
Un long chemin nous attend,
d’abord les cannes à sucre, ensuite un terrain bien dur au milieu de rochers où
nous rencontrons des coureurs du trail des bourbons, ensuite un long, très long
chemin direction la possession qui se trouve au niveau de la mer, la troisième
nuit vient de commencer, plus que 25km, la possession est passée direction le
grande chaloupe, une petite montée de 800 mètres de dénivelé sur le chemin des
anglais, petit chemin tranquille tout plat qu’ils nous ont dit, tu parles, une
horreur ce chemin de pavés bien rangés
au début et hop dés que l’on passe le premier virage un champs de cailloux,
dans la nuit difficile de progresser, la descente sur la grande chaloupe est cassante, des pierres,
des pierres et encore des pierres, nous maudissons les anglais.
Avant dernière pause, plus que
15km, une soupe un verre d’eau et allez
c’est reparti, plus qu’une montée de 500 mètres de dénivelé et ensuite descente
sur le stade, les bénévoles nous annoncent 5h30 6h00 pour la redoute, en fin de
compte nous mettrons 4h00.
Nous prenons un rythme bien
soutenu et commençons notre ascension, nous passons plusieurs personnes qui
n’ont plus de jus, nous avons retrouvé
de la fraîcheur, la montée est plutôt facile
Pour une fois, chemin de pierre
style anglais au début, puis ciment et goudron, nous progressons vite et
doublons plusieurs personnes que l’on encourage, le dernier ravito et là, 6.5
km et nous sommes au stade
Une mouche vient de piquer Pat,
une descente de malade à fond la caisse, nous doublons énormément de personnes,
qui n’en peuvent plus, en nous voyant descendre ils se demandent où nous allons
chercher cette énergie, chose que je me demande moi-même d’ailleurs, d’autre
disent, des coureurs de trail du bourbon c’est normal, l’adrénaline, la soif
d’arriver surement, et enfin la délivrance. Le stade tant attendu est là, le
dernier kilomètre au sprint, arrivée dans le stade une foule nous acclame et
cri, les voilà Pat, Momo, bravo vous êtes des héros et bien
non c’était la première hallucination, personne sur le stade seulement
Kat et Christine mais que ça fait du bien de les voir. 51h51mn24 secondes,
enfin nous avons réussi, remise de la médaille et du tee shirt tant attendu,
une seule chose nous importe, sortir les chaussures tellement les pieds sont douloureux, Pat nous
fera même une petite danse sur la pelouse en se frottant les pieds sur le sol.
Pas de masseurs, ni de podologues à l’arrivée, dommage cela aurait fait du
bien. Une bonne douche chaude, un carry
poulet et direction le dodo, une belle et longue nuit nous attend, couchés à 4h00 après
70heures sans sommeil, la nuit fût bonne.
Ce fût une sacrée aventure,
heureusement que nous étions tous les deux, je pense que seul ça ne se serait
pas passé de la même façon, pas une seule fois l’envie d’abandonner m’a
traversé l’esprit, ni de me demander se que je faisais là, merci Patrick, une
belle aventure que nous avons vécue, merci les filles de nous avoir supporté et
merci à tout le monde pour votre soutiens.
La refaire, avec le recul ?????????
pourquoi pas"