Après tant de petits soucis tendineux, Jérôme a enfin pu s'exprimer totalement sur le trail du Vignemale où il a d'ailleurs fait une super perf, pas moins de Patrick Darche, notre Graal à tous. Voici son récit :
"11
coureurs de la crew étaient engagés sur la course du Petit Vignemale ce
week-end à Cauterets. Même
si certains avaient déjà démontré leur aptitude à crapahuter dans les sentiers
escarpés et capitalisaient déjà une certaine expérience, pour la plupart d'entre
nous, cette course constituait une « première » (première course de
montagne, première ascension à plus de 3000 mètres, premiers pierriers...) :
autant dire que nous étions tous dans nos petits souliers sur la ligne de
départ!
Au
final, ce fût une expérience magnifique mais dure, en particulier en raison de
l'abondance de cailloux, pierres et autres rocs qui poussent plus efficacement
que les champignons sur les pentes du Vignemale.
Vendredi
après-midi, nous voilà donc partis de Bordeaux, en ordre dispersé selon les
emplois du temps de chacun. Nous nous retrouvons tous directement au pied de la
montagne, au « Petit refuge » qui deviendra notre QG de campagne le
temps du week-end. Notre
veillée d'armes débute par un repas pantagruélique de salades de pâtes (bien
organisés, nous avions chacun amené une salade pour 10 !). Patrick
nous donne une leçon de diététique que certains s’empresseront de suivre
prochainement : salade de pâtes, salade de pâtes, salade de pâtes, salade de
pâtes, gâteau de semoule, riz au lait, tarte à l'abricot...bière, vin rouge
(mais où met-il tout ça?).
22H30,
après avoir préparé nos sacs, bidons, camels et bâtons, nous voilà prêts pour
le dodo … Manu, victime d'un lâche attentat aux lattes de lit défaillantes
manque de se tuer en passant au travers de sa couchette : une fois allongé, il
ne bougera plus de la nuit de peur de se retrouver par terre ! Samedi
5H30 – 6H / lever dans le calme, toujours en ordre dispersé. Plus ou moins embrumés, nous nous préparons :
pansements pour prévenir les ampoules, strapping … tee-shirt manches longues ?
manches courtes ? coupe-vent ? bâtons ? 7H :
on retrouve tout le monde devant l'office de tourisme. Plusieurs
« spécialistes » locaux sont déjà en train de s'échauffer. Nous
décidons tous que 45 km nous laisse largement le temps de nous échauffer
tranquillement au départ ! 7H15
: briefing, traditionnels remerciements aux bénévoles (ils le méritent cent
fois, car de ce point de vue la manifestation est une vrai réussite : du monde
à tous les points de contrôle, beaucoup de sérieux pour les questions de
sécurité, accueil chaleureux sur tous les ravitaillements … merci à vous sans
qui cette manifestation n'existerait pas !). Premières consignes : pas de
déchets (il manquerait plus qu'on jette nos emballages de barres et de gels par
terre dans la montagne !), respecter les consignes de sécurité, s'attacher
obligatoirement aux cordes (je croyais que les cordes c'était pour rigoler …
mais non !). Un point sur la météo : on nous annonce qu'il fait beau « en
haut » mais qu'il y a des nuages et que les organisateurs on décidé de ne
pas annuler la course car il nous font confiance pour respecter les consignes
de sécurité en montagne … gloups, nous voilà rassurés pour une première !
7H30
: on y est ! Départ en trottinant … 100 mètres de plat et la route commence à
s'élever. Les jambes sont lourdes, les mollets durs, les tendons tirent …
finalement on aurait peut-être dû s'échauffer un peu !
Départ
en douceur le temps de se chauffer et de trouver son rythme. On quitte la route
pour prendre chemins et escaliers vers
La Raillière, puis à nouveau la route jusqu'au pont d'Espagne. On longe le
torrent et ses cascades : superbe !
Devant
: Chantal, Maurice, Jamain et Patrice sont partis vite, Laurent et Patrick sont
déjà hors de vue. Laurence et Valérie restent prudemment en arrière. J'accompagne Gégé qui démarre en douceur
comme à son habitude. 10
puis 15 minutes passent, les muscles sont chauds, nous trouvons notre rythme, régulier et finalement
assez rapide. 50/55
minutes : arrivée au Pont d'Espagne. Lac
de Gaube : dans la brume, je n'avais pas fait attention au lac que nous
longeons : image féerique, eau noire au travers des limbes de nuage. La brume
se disperse un peu, on peut enfin voir le lac dans sa globalité. Le
chemin terreux fait place à la caillasse et la pente devient plus raide. On ne
se pose pas de question et on continue à avancer régulièrement. Le
brouillard dans lequel nous étions, commence à s'éclaircir, le soleil commence
à percer. On aperçoit au travers des nuages la paroi du Vignemale (le grand,
pas celui sur lequel nous devons monter) éclairée par le soleil : majestueux ! Hourquette
d'Ossoue, 3H10 / 3H15 de course. Un
petit replat permet de souffler avant d'attaquer l'ascension finale :
hier, pour plaisanter Patrick nous expliquait que dans cette partie c'était
« comme Armstrong sur la lune » : chaque petit pas demande un effort
surhumain et t’essouffle … il ne plaisantait pas vraiment ! Enfin
le sommet : 3031 mètres ! On
est au dessus des nuages, comme sur les photos. Descente
dans les cailloux en évitant d'envoyer
les pierres sur les concurrents qui arrivent en dessous. 400
mètres plus bas : Refuge de Baysselance, traversée d'un petit névé puis
cordes fixes pour continuer vers le col du Labas. Le
chemin, au raz du précipice, surplombe 200 mètres de gaz. En cas de chute,
aucun moyen de se rattraper :
certains concurrents refusent de s'encorder, incroyable ! Col
du Labas : on bascule à nouveau dans un mur raide pour atteindre le
dernier névé (le plus long) : nouvelle descente raide au milieu des
cailloux. On
attaque alors un gigantesque pierrier où il faut sauter de pierre en pierre
comme un cabris pour descendre sans perdre de temps. L'exercice d'équilibriste
est difficile pour la plupart des crewers. Bientôt
apparaît le lac d'Estom et son refuge au travers des nuages : superbe. Le
chemin devient moins raide, mais il est encore parsemé de nombreuses pierres et
marches. La fruitière se rapproche, de nombreux randonneurs nous encouragent en
Français, en Espagnol... La
caillasse fait à nouveau place au chemin de terre. Le terrain redevient plat ou
presque. Il faut relancer : qui a encore du jus ? Trot, marche : ce chemin est
interminable ! Enfin
le refuge de la Fruitière puis la descente vers la Raillière : maintenant
les pierres sont glissantes et il faut les éviter soigneusement. La
Raillère : un peu de bitume plat, un dernier chemin puis le clocher de
Cauterets se profile. Dernier
virage, 100 mètres, ça y est arrivés ! Douche
au gîte puis repas sous le
chapiteau : nous sommes crevés mais heureux. Retour
au « QG » du « Petit
Refuge » : St Yorre pour tous, puis bière, saucisse sèche, pâté,
pizza tous ensemble... certains (je ne donnerai pas de nom), bien en forme après
cette longue journée se rattrapent de leur régime de la veille !
Après
une bonne nuit, dimanche matin, plein de fromage et retour tranquille à la
maison... à quand le prochain WE ?"
Super récit Jérôme, on s'y croirait, tu vas regretter ton annulation au GRP. Peut-être un moyen de ratrapper encore?