lundi 28 mai 2012

Nouvelles de la Haute Savoie

Et ben comme dirait Françoise, "ça, c'est fait" et bien fait. Mais ce ne fut pas facile. Dimanche, 6h du matin, nous sommes près de 230 sur la ligne de départ de ce 58 km avec 4000 de D+. Il fait jour depuis 5h du mat, oui, je précise, car ça perturbe un peu le sommeil, et je n'ai pas dormi grand chose. D'entrée, on attaque par 900 de dénivellée positive, pour arriver à Niflon d'en haut, un ensemble de petits chalets d'Alpages, puis c'est la bascule, j'envoie bien, je rattrappe une fille, puis je lui demande comment elle s'appelle, car je savais que la fille de la voisine de ma maman était engagée, et qu'elle envoyait, que c'était une candidate à la victoire. Dans le mille, c'est elle, Valérie Chatelain. Je me demande ce que je fous là, ce n'est pas normal de la dépasser. On discute un peu, puis dans l'attaque de la prochaine montée, elle prend le large. Un peu plus loin, c'est une autre fille qui me talonne, elle aussi est du coin, Vacheresse. Pendant une quinzaine de kms, on fait le yoyo, je profite d'un ravito pour me retrouver devant, à mon grand étonnement. Puis peu après, je sens que ça ne va plus, une première crampe apparaît dans la cuisse gauche, une autre dans le triceps gauche de mon bras, et puis une sensation de batteries déchargées. Là, je me dis qu'il faut lâcher ces filles, que je suis juste là pour faire au mieux, c'est à dire un meilleur classement qu'en 2009, je lâche prise, je sais que de toute façon je n'ai pas l'entraînement pour tenir une telle distance avec un tel dénivelée. L'objectif maintenant est d'atteindre le sommet de Chalune (2116m), au 28è km en espérant voir le Mont Blanc. Il faudra d'abord atteindre le col de Foron, exposé plein nord et  gavé de névés, c'est magnifique. Entre temps, je croise un petit jeune de 22 ans qui me passe, c'est beau ça, d'avoir le courage de se mesurer à un tel trail à cet âge. Il me passera assez vite. Dans le col de Foron, je papote avec un gars du Chnord, c'est la première fois qu'il vient, il me prend en photo, je lui dit qu'à Chalune, il aura la plus belle vue de toute la Haute Savoie sur la chaine du Mont Blanc...Il ne verra que des nuages! 4h50, j'arrive enfin à Chalune, le deuxième gros D+ de la journée, j'avais prévu 5h30/6h, je suis contente. ça devrait maintenant être plus facile. Les filles devant moi me croisent à la descente de Chalune tandis que je monte, elles doivent avoir 10' d'avance maintenant. Nous repassons sur les flancs Nord, et c'est un champ de névés qui s'offre à nous. Au choix, on descend sur ses deux jambes en skiant comme on peut avec ses chaussures, ou on prend l'option sécurité en descendant sur les fesses, c'est ce que je ferais sur les parties les plus pentues. Mais mon fessier gauche s'en souvient, je lui ai fait un sacré peeling, il me manque 5 cm carrés de peau, pas cool. Va falloir réparer au Bépanthène. Après cette grande descente dans les névés, nous revoilà à l'attaque d'un nouveau col, qui me paraît bien loin, et bien haut, le col de Vesinaz. Ensuite, à nouveau descente puis remontée légère en direction d'une crête que l'on descendra tranquillement, jusqu'à a sa partie finale où la pente s'accentue considérablement, les cuisses commencent à crier. Puis on rattaque une montée vers l'alpage de Pétetoz, je tombe en panne de flotte, obligée de m'arrêter et de remplir le camel dans la rivière, car le ravito est encore très loin. A pétetoz, on redescend, mais c'est très technique, bourré de racines et de grosses caillasses, ça descend pas vite, arrive enfin un très large chemin carrossé, roulant à souhait, la pente et légère, je peux courir à bon rythme, mes muscles connaissent bien ce type de terrain, il y en a pour quelques kms. Et notre troisième ravito qui n'arrive jamais! Le voilà enfin. Nous sommes à presque 42 kms, j'essaie de me remémorrer le tracé du parcours, il me semble qu'on est pas très loin, mais on nous annonce encore 12 km, je ne veux pas y croire, je me prépare pour une heure de course restante, en fait c'est presque 15 km qu'on fera, et ça me prendra 2h30! Une horreur, on commence par 600 m de dénivellée encore, puis du faux plat, enfin une descente roulante, mais les jambes commencent à avoir très mal, même sur ces parties qui sont à mon avantage. ça ne descend pas beaucoup d'ailleurs, on continue à faire du faux plat descendant, ça dure longtemps, trop longtemps, enfin ça descend un peu plus, et là, les quadris sont très douloureux, ça descend longtemps, mais on ne perd pas tant que ça du dénivellée, ça m'inquiète, encore combien de km jusqu'en bas? C'est là qu'on attaque un dernier mur de descente, piste noire! le pourcentage doit au moins être à 30%, je me retiens pour ne par hurler de douleur, un gars devant moi, n'arrive plus à avancer tellement il a mal, ça ne dure pas très longtemps, mais beaucoup trop longtemps quand même. Arrivée en bas, je crois que l'arrivée n'est plus très loin, j'ai beau demander à toutes les personnes croisées, le kilométrage restant qu'on m'annonce, me tue le moral, et je ne veux pas les croire. Encore 5 km, 200 m de D+ jusqu'à la chapelle de je ne sais plus quoi (il y en a plein dans le coin), ça monte raide encore, ces 200m paraissent interminables, enfin la chapelle, combien de km messieurs? encore 5, oh, non! ça ne fait que descendre ou c'est du plat. T'as raison, du faux plat surtout, les kms ne défilent pas vite. Enfin je ressort de la forêt et j'atteins une route, je demande à un monsieur, combien de km? encore 4, ça fait déjà 3 km qu'on m'a dit plus que 5! Mais si, je vous assure, il en reste 4. Un peu plus loin, une dame, c'est loin l'arrivée? 800m, au plus 900. 50 m plus loin, un homme, il me dit 1,5 km. Je cours, je marche, à chaque personne croisée, je demande ce qui reste, je ne crois plus au surgissement de l'arrivée. On retraverse le torrent, et là, on me dit, ça y est vous êtes à 150m, oui, c'est ça! Et puis je reconnais cette dernière petite montée, j'aperçois ma maman, deux gars qui venaient de me rejoindre me prennent par la main et nous franchissons ensemble l'arrivée. 10h44, presque 56 km et troisième féminine, les deux autres sont arrivées il y a moins d'une demi-heure. je ne connais pas encore le classement général, mais je crois que je fais bien mieux qu'en 2009. Mais qu'elle est dure cette course! Je rentre avec un beau trophée qui va pouvoir me servir à encourager les copains au GRP, car ici, à chaque col, c'est un concert de cloches de vaches pour nous encourager.


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12 commentaires:

  1. ben dis donc felicitations...tu sors encore une belle course, mais ca n a pas du etre facile!a la lecture de ton recit on se dit que la derniere partie de course a dure des jours!
    bravo en tout cas.bises.gaby

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  2. Encore mille bravos Nat !!!! Récupères bien..BIZZ Nath( Maillet)

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  3. Grâce à toi Nath, j'ai vécu une course que je ne ferai jamais!... par contre je n'ai pas mal aux cuisses comme toi. Ton récit est très vivant, comment fais-tu pour te souvenir de tous ces détails??? Bon, demain, les pitchounes ont intérêt à faire la sieste longtemps, tu n'as qu'à les mettre au lit dès le matin... Courage et encore bravo la superwoman. Cath

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  4. Tu sais Cath, on arrive finalement à se souvenir de pleins de choses, mais sur plus de 10h de course, il s'en passe des choses et on en voit, et on en oublie beaucoup, c'est pour ça que c'est sympa d'écrire et restituer. Cette aventure d'une journée nous met hors du temps, hors de cette société que l'on subit si souvent, c'est la liberté éprouvée, le plaisir de contempler des paysages (enfin si on ne se presse pas trop, de se demander parfois mais pourquoi on s'est inscrit à ce truc de malade qui fait si mal, de se rendre compte que l'arrivée est encore super loin, et qu'il n'y a que dans le cadre d'une compétition que l'on ose se lancer dans ces trucs de ouf. Au final, on se dépasse, on a passé une magnifique journée, même si j'ai un beau pansement à la fesse que je vais gardé un moment je crois. Souvenir de guerre! En tout cas, si cela vous est agréable à lire, ça me fait plaisir, si ça donne envie à d'autres, alors pourquoi pas. Tu sais cath, il y avait une rando de 15 km aussi. Bon et c'est quand que vous vous inscrivez en tant que Membre.

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    1. Super, bravo Nath,
      Tu es vraiment très forte, c'est vrai en te lisant on se dit que la course était vraiment difficle, j'ai eu même l'impression que l'euskal était plus facile en comparaison, un sacré dénivelé, mais c'est ce qui me plait.
      Je pense que si j'avais pu , j'aurai aimé la faire cette course, et je serai surement arrivé dans un plus triste état que toi.
      Et pourquoi pas l'année prochaine, à la place de L'Euskal. Pourquoi pas ?
      Gégé.

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  5. Il faudra qu'on s'organise pour un petit trail en Haute Savoie, Pour celui des Allobroges, il faut que ça tombe sur Pentecôte, car impossible d'attraper l'avion le dimanche soir...la course se finit entre 16h et 19h suivant le niveau et l'état de chacun. Donc retour obligé le lundi. Faudra étudier tout ça. A ce soir.

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  6. Chapeau Nath,
    A l'approche du WET, j'essaierai de faire preuve d'autant d'abnégation pour terminer la (les) course(s).
    bravo et félicitation

    JYves

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