Deux
martini blancs, tout a commencé par deux martini blancs...
Je
surfe sur le PC après l'apéro, et je tombe sur des photos du GRP, Je me
remémore ma discussion la veille au stade avec Anne qui me dit s'est inscrite
sur le 80 km cette année. Peut-être grisé par ces martini, je me dis « et
pourquoi pas ? », 5 minutes après j'étais inscrit sur mon premier ultra,
Le
début d'année passe, on arrive au mois de mai et il est temps de penser
sérieusement à se préparer. J'envisage tout un tas de courses pour emmagasiner
des kilomètres, mais Nat me freine et me conseille de me limiter à 3 ou 4
courses, en plus des sorties qu'elle prévoit au pays basque. Pour une fois,
j'écoute: ça sera Baurech, puis St Caprais. ça se passe bien, les sorties à la
Rhune aussi, je suis confiant. Puis on attaque le dur : le trail des refuges à
Cauterets et ça se passe moins bien d'un coup. Je commence à douter, si je galère
autant sur 33 kms, qu'est-ce que cela donnera sur 80? Plein d'appréhension, je
prends la direction de Larrau pour le Xibero trail avec Nat et Anne, et là tout
roule, je m'éclate, la confiance est revenue et j'ai hâte d'y être.
J'y
suis enfin, lever 3h, petit dej avec Vincent et France. On se dirige dans le
noir vers le départ, on retrouve Anne, puis dans la foule je les perds de vue;
tant pis, je décide de partir en fin de peloton pour ne pas être entraîné.
C'est parti, au fil des premiers kilomètres je remonte doucement, je croise
France, puis Anne, on fait un bout de course ensemble, on parle de mes futures
vacances (un peu irréel, en y repensant), je perds Anne. On arrive au premier
checkpoint, les sensations sont bonnes, je retrouve Anne, on repart ensemble.
2eme ravito, je retombe sur Anne... au bras d'un gendarme, elle me dit qu'elle
est tombée et s'est blessée, course finie pour elle. Je passe aux wc, je
retourne la voir quelques instants, elle m'encourage, je repars. 11H00, on
attaque la montée vers le pic du midi, il fait chaud, très chaud, c'est ce que
je redoutais. J'arrive au col de Sencours deux heures après, je lève les yeux
et voit encore la distance jusqu'à l'observatoire, j'entame la montée et
j'entends Vincent, on échange quelques mots, il me dit qu'il est déjà monté et
descendu mais à un coup de moins bien. Je l'abandonne, je grimpe, les derniers
200 m sont terribles, mais le panorama en haut est magnifique, je prends une
photo (j'avais promis à France d'en prendre quelque unes) et j'attaque la
descente direction la Mongie. Je me sens vraiment bien.
La
Mongie, base de vie. Je décide de prendre le temps, de m'asseoir, manger un
potage. J'allume le portable, et je vois des messages de Patrice, Maritza ou
encore Laurie qui m'encouragent, ça fait un bien fou. Après un bon quart d'heure,
je repars direction Campana, à 9 kms. Je me dis que ce n'est rien, c'est
l'avant dernier ravito, que c'est dans la poche... mais ces 9 petits kilomètres
sont terribles, la montée au barrage de Gréziolles me fait mal, vraiment mal
(j'en suis à voir le chat d'Alice aux pays des merveilles sur un rocher...),
j'ai un compagnon de route qui galère autant que moi... Enfin le refuge, je me
pose mais je ne peux quasiment rien avaler, je commence à trembler, à avoir les
dents qui claquent. Je décide de repartir direction le dernier checkpoint, le
restaurant de Merlans, ça va mieux. Dernier checkpoint, je repars vite, il est
20h20, je veux éviter au possible de courir de nuit...qui viendra malgré tout,
je sors la frontale. Difficile de descendre avec le vent, la poussière, je ne
vois pas un caillou, je tombe lourdement. Deux concurrents arrivent,
s'arrêtent, prennent des nouvelles, rien de cassé, je repars avec eux. Je vois
les lumières de Vielle-Aure au loin, mais j'ai beau courir, je trouve qu'elles
ne se rapprochent pas vite. Je suis distancé par les deux autres coureurs,
j'arrive enfin sur le bitume, j'entre dans la ville, les gens attablés aux
terrasses m'encouragent, j'ai l'impression de finir au sprint. Le panneau
« arrivée à 1000 m » apparaît, puis 800, 600... j'arrive sur le tapis
rouge, il est 22h30 il y a du monde, je suis euphorique, j'ai fini, je suis
ultra traileur... définitivement il ne faut pas que j'arrête le martini
blanc...
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