Quoi de mieux pour finir l'année qu'une petite SaintéLyon ?
J'avais hésité avec le marathon de La Rochelle, mais quitte à se fixer des
challenges, autant en mettre des gros (en plus cette année, c'est le record de
distance : 81 km). Départ donc prévu à 23h30 le samedi soir. Première inconnue
: le temps. Il y a eu des éditions avec de la neige du verglas. Nous, ça ne
sera pas le cas, peut-être de la pluie... Pour y aller, navette depuis Lyon.
J'ai pris la 1ère donc arrivée vers 17h. Y'a le temps. dans le parc des
expositions, c'est un camp de réfugiés : beaucoup ont pris des duvets, matelas,
histoire de se reposer. Bonne nouvelle, il ne fait pas froid. Je discute avec
quelques gars : dernières nouvelles il va commencer à pleuvoir à 23h pour toute
la nuit !!!
Pour être bien placé, je me positionne vers 22h30, je serai dans
la 2ème vague. Et hop déjà 1/4 d'heure de perdu ! Ambiance sympa au départ, de
la musique, les températures clémentes rendant l'attente facile, malgré les
premières gouttes de pluie... Je règle la montre pour gagner en autonomie, je
m'aperçois que j'ai oublié le bonnet (mais ça ne sera pas préjudiciable). Et
bam, première vague, et 15 mn après, bam 2ème vague (je crois qu'il y a 5
vagues). Il parait que le traceur a prévenu qu'on allait en chier...
Départ pour 8 km de faux plats montants, le temps de trouver la
bonne tenue (gants enlevés, tour de cou aussi). Il fait tout de suite chaud,
presque à se mettre en t shirt (certains le font en short). Après ce départ, on
arrive sur les hauteurs, la file des frontales s'étire. Niveau topographie,
c'est un peu le pays basque, des montées descentes courtes avec un peu de boue.
Pour ne pas me faire peur, je n'ai pas trop regardé le parcours, je sais juste
que normalement les ravitos sont tous les 15 km environ. Bizarre, le premier
arrive au bout de 19 km. On a commencé le dur, passage sur les collines, dans
les bois, avec de la boue et de la pluie sans arrêt. Donc ravito bien fourni,
mais ce sont des tentes barnum, donc pas de quoi se réchauffer, faut pas
traîner.
On enchaîne ensuite avec les passages dans les sous-bois, quasi
pas de route (il les ont bien cherché les passages techniques). Là il commence
à faire vraiment froid, la gore-tex est indispensable. Pas vraiment de
souvenirs de cette partie, si ce n'est de nombreux passages sur les crêtes où
l'humidité et le vent vous glace les os. C'est pas une pluie très forte, mais
avec le vent, on sent le gommage ! Là je plains ceux en short...
Arrive la bascule, Sainte-Catherine. A ma montre, déjà 39 km de
parcouru. La forme ça va, mais le ravitaillement est là aussi constitué de
tente barnum, et si on est mal à ce moment là, c'est dur de repartir. Il faut y
aller, pas se décourager. Et toujours courir, courir. 90 % du temps c'est
courable. Je me souviens vaguement qu'ensuite il y aura une bonne montée (les
rampaux), mais je ne sais pas trop à quel kilomètre cela arrivera.
Même si je n'ai pas sommeil, je ne me souviens pas de tous les
détails, si ce n'est des courageux signaleurs et bénévoles qui sont dans la
nature dans le froid à 4h du matin.
Avance rapide, le double moment de détresse. D'abord la montre. Je
vois soudain surgir un panneau "Arrivée 35 km". Alors là, je dis
impossible, ma montre me marque plus que 25 km... La s.... Je vais jamais y
arriver ! J'ai plus de force... Elle a du comprendre à partir de là que je lui
en voulais, elle bipe de manière aléatoire, des kms en 2', en 10', en 1'... Et
maintenant, c'est double dose, pluie et brouillard de fou... Quelle mauvaise
idée d'avoir pris une petite frontale 300 lumens. Quand le niveau des piles
baisse, c'est impossible de voir à 1 mètre... J'aurais pu changer les piles, je
reconnais, pourquoi je ne l'ai pas fait ? Je pense que je me suis dit que ça ne
changerai rien, mais rétrospectivement, j'aurais dû essayer. Technique
alternative, choper un coureur avec une super lampe et aller dans ses pas. Mais
c'est crevant. Et ces montées descentes qui n'en finissent pas. Bonne nouvelle
quand même, c'est que mes chaussures, même si elle sont sans doute un peu trop
petites, tiennent bien la boue (pas de chute).
Et à ce moment là, je pense à ces courageux qui avaient fait
l'UTPMA en 2016, avec cet enfer de boue. Ca n'est pas tout à fait pareil ici,
la boue est plus "roulante", mais courir, toujours courir, dans la
boue, en évitant quand même un peu les plus grosses flaques et avec des appuis
fuyants, ça vous use...
La fameuse montée du Rampeau arrive ensuite, une bonne montée
toute droite : 1km dans les bois, 200 m de D+. 1000 coureurs déjà passés (on en
a parlé après avec des coureurs de la fin du peloton : c'est pas la même chose
de passer après 1000 ou 5000 coureurs...). En elle-même, la côte est courte,
mais on ne parle pas de toutes les autres, plus courtes, moins raides, mais
tout vous use... De toute façon, il suffit de lever la tête et regarder le
paysage, dès qu'il y a un petit sommet alentour, on sait qu'on y aura droit, si
possible après une bonne descente.
Je ne sais pas combien de temps a duré ce brouillard à couper au
couteau, bien 20 km. Toujours est-il que le soleil s'est (lentement) levé vers
7h, en même temps que j'arrivait à Soucieu, il reste 20 km, on est dans un
gymnase bien chauffé. Là c'est agréable. Y a même des palets bretons, c'est pas
du luxe ça ! 20 km de route pour la fin selon la plupart des coureurs
expérimentés, mais on vous ment ! Je pense que c'est du 60-40. Et là, Nath,
faudra nous expliquer la méthode pour y arriver au bout de 60 km, mais 90 % des
gens courent ! Moi, je peux plus, je suis cassé. J'alterne course et marche !
Passages dans la boue (avec un bon passage sur un sentier où s’écoule une
rivière, sympa le bain de pied !). De toute façon, on est tous crottés, c'est
Verdun ! On reconnait seulement les relais car eux ne sont pas salis, mais ça
ne dure pas bien longtemps, ils sont vite comme nous !
Reste donc à passer le fameux aqueduc de Beaunant (pente à 20 %
pendant 500 mètres, mais sur route), la tyrolienne de Sainte-Foy (passage dans
un parc du style rive droite de Bordeaux, avec quelques raidillons), puis la
vue sur Lyon qui se découvre pour les 3 derniers kms (ah ben oui, moi je
pensais qu'on verrait la ville depuis bien longtemps, mais ça se mérite !).
Descente d'escalier, passage du pont sur la Saone, puis devant le musée des
Confluences (sympa ce musée, à éviter quand même le dimanche après midi après
une nuit sans sommeil, c'est dur !) et tour de la Halle Tony Garnier avant la
délivrance, la bière, le repas,...
En résumé, et après 120 km de course (dixit ma montre), je ne vais
pas mentir, j'ai trouvé ça très dur (là lundi matin, je relativise, c'est
surtout dur mentalement !), la boue ça mine le moral et aussi l'organisme je
pense. Faut être fort mentalement car je ne peux pas dire que j'ai beaucoup
savouré les paysages (si ce n'est les fameuses lignes de frontales, ça s'est
toujours aussi beau). C'est peut-être beau, mais la nuit, on ne se rend pas
compte ! Par contre, on sent que l'organisation est super bien rodée : village
de départ, logistique, bénévoles, fléchage, arrivée, tout est vraiment top.
Très content d'avoir fait cette course mythique !
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