On était habitués aux conditions hors normes de l'Euskal Trail ou du Grand Brassac hivernal, dont les éditions ne se conçoivent que sous la pluie, le brouillard, et la bouillasse, psychologiquement nous étions préparés à chaque fois, mais là, nous avons connu pire pourrait-on dire, sauf que là, nous n'étions pas préparés mentalement pour tenir autant d'heures, surtout sur l'Utpma en plein mois de juin, à trois jours de l'été officiel, avec bruine, pluie fine, brouillard, terrain de boue bien molle ou bien collante, les pieds dans le mouillé toute la course. Goretex, gants, doubles couches de rigueur, casquette, crème solaire et lunettes de soleil au au placard. Il parait en plus que le massif central, c'est très beau. Bon, du coté d'Aurillac, nous, on en n'a rien vu, je ne sais pas si du côté de l'Aubrac s'ils en ont vu plus.
Bref, il fallait en vouloir pour les finir ces courses. Pour L'UTPMA, tout a mal commencé vendredi soir : plus d'une heure pour rejoindre l'embranchement de Libourne, ça commençait bien. Puis arrivés à Brive, deuxième bouchon et ensuite plantage de route, bref, nous sommes arrivés bien tard pour retirer le dossard. Départ minuit, pas de pluie, les 17 premiers km sont plutôt sympas, ça roule bien, on les tourne suivant les coureurs entre 2h12 et 2h25. C'est après que tout devient glauque...Très vite le brouillard fait son apparition, puis les coureurs se retrouvent esseulés, rien à voir avec l'édition passée où nous étions en groupe pendant une bonne partie de la course, pourtant, il y avait une centaine de coureurs en moins, là nous étions 580 partants. Les doutes s'installent, mais qu'est-ce que je fous là, personne devant, personne derrière, où sont les balises, qu'est-ce que je fais? Demi-tour? Où est la prochaine balise? Tant bien que mal, on arrive au 2è CP, le jour se lève, la pluie s'est calmée. Bon, j'ai bien envie de bâcher, mais si je bâche je me retrouve à 7h à Aurillac et qu'est-ce que je fait de ma journée? Autant continuer jusqu'au prochain CP. Vincent, Richard et Philippe ont pris la poudre d'escampette, Je ne sais pas où est Patrice, mais je l'imagine bien vénère, et peut-être enclin à l'abandon. Arrive le CP3 du Lioran, mi-course avec possibilité de se changer. Je retrouve Philippe, dans des vêtements tout neufs. Pour ma part, je me dis "A quoit ça sert?!". Je lui propose que nous repartions ensemble, après m'être bien restaurée. Beaucoup de passages de crêtes, pas roulant du tout, on met plus de 3h pour rejoindre le Puy Mary soit une dizaine de km. Le sentier repart dans un devers descendant, bien merdique, le brouillard est toujours là, on sait qu'on est dans le Cantal grâce aux odeurs de Gentianes et de genêts. A moment donné, je distingue dans le brouillard de petites bêtes qui gambadent et me font penser à de petits chamois, mais franchement, je ne sais pas s'il y en a ici, peut-être de petits chevreaux? Mais on entend que des vaches depuis qu'on est partis, et ça, il y en a à foison. Arrive le CP5 de Mandailles, km 72, je croise une fille qui veut bâcher, tiens, moi aussi, j'en ai marre. Mais Philippe, me convainc une nouvelle fois de continuer, je lui avais déjà fait le coup au Puy Mary. La bouillasse est revenue depuis un moment, le terrain est une vraie patinoire et je suis très mauvaise là-dedans. Skis aux pieds ça va, mais sans ski, ça va pas du tout. J'ai bien pris une dizaine de gamelles, et j'ai lâché des quantités de gros mots. Tant bien que mal, on arrive au CP du 86, putain, reste encore 20 km. Philippe est en forme, j'insiste pour qu'il me lâche, mais il craint encore que je bâche, je promets que non. Toute la course nous nous sommes demandés si notre Patou, avec son talent de communicateur avait trouvé quelqu'un pour l'aider à continuer. Mon téléphone a bipé un paquet de fois, mais il était bien rangé au sec. Je ne l'ai sorti qu'une seule fois, au km 70, voir rapidement quels étaient les messages : Ma moitié qui m'encourageait me disant que j'étais bien placée (bof...mais c'était sympa pour m'encourager), pas vu que Patrice avait appelé. Alors déjà que les 13 km entre les 86 et le 99 étaient bien galère dans la boue, je ne pouvais imaginer que ce soit pire pour les 6 derniers. Si, si, il l'ont fait. Nous faire passer au milieu des champs à vaches bien labourés, où l'on s'enfonçait dans la boue jusqu'aux mollets, puis idem dans les chemins forestiers, je ne sais pas comment on peut courir dans ce merdier. Vincent a réussi a les parcourir en 50', moi il m'aura fallut près d'une heure trente. Arrive enfin l'arrivée avec des circovolutions dans Aurillac, (le chemin le plus court n'est jamais le meilleur parait-il), je me retrouve Patrice en jeans, je comprends ce qui lui est arrivé, et je passe enfin la ligne avec lui, les 22h sont largement passés, et j'ai du ressortir la frontale. Contente d'être allée au bout quand même, je retrouve Alain Létard au micro, puis Charly, l'un des organisateurs qui a fait plus de la moitié de la course avec son paquetage Transpyrénéa, et qui a terminé allégé, dans un temps canon. Vincent nous a mis une mine avec ses 19h45 (85è), Philippe termine en 168è en 21h48 (c'est la force tranquille), ensuite en retrouve Richard qui a un peu craqué après le Lioran, 181è en 21h59, puis ma pomme, 186è, 22h25. 350 se sont classés, soit seulement 60% d'arrivants.
David était sur le marathon de la Jordane qu'il termine bien placé, à la moitié du classement en 6h40. Ce fut une première expérience de cette taille pour lui.
Malgré la rudesse de cette édition, on retiendra l'extrême gentillesse de tous les bénévoles, des spectateurs présents aussi en plein milieu de la nuit, le balisage au top, impossible de se tromper, sauf en s'égarant le cerveau. Ce doit être joli quand il fait beau (ce qui était le cas l'an passé). Vu le temps, pas de photos!
Je laisse le soin aux autres de commenter et à ceux qui étaient à l'Aubrac de raconter leur aventure et de m'envoyer les résultats de chacun, car c'est un peu galère sur leur site. Bravo à France pour son podium.